La soie de Madagascar, de l’origine à l’utilisation.
Découverte de la soie de Madagascar
Sommaire
- Origine de la soie
- Histoire de la soie de Madagascar
- Soie sauvage et soir d’élevage
- Étapes de transformation de la soie à Madagascar
- Utilisation de la soie à Madagascar
- La filière soie de Madagascar en danger
- Voyages et soie de Madagascar
1° Origine de la soie
L’éthymologie du mot « soie » est issu du latin « saeta » qui désigne un « poil de cheval ou de porc ». Cette appellation fut utilisée par l’ensemble des langues romanes pour nommer un tissu à base de soie.
Entre 4000 et 2000 av J-C, on utilisait uniquement de la soie sauvage. Un jour, alors que la princesse chinoise Leizu buvait du thé, un cocon serait tombé dans sa tasse. En voulant l’extraire de sa boisson, elle aurait commencé à dérouler le fil du cocon. L’idée de tisser celui-ci lui serait alors venu et c’est à partir de cela que l’élevage et l’exploitation de la soie aurait débuté. Ce n’est qu’au sixième siècle que la sériculture serait apparue en Occident et dont le savoir faire aurait été tenu au secret.
2° Histoire de la soie de Madagascar
A Madagascar ce sont les Européens qui, bien avant la colonisation, ont introduit le travail de la soie après avoir recensé l’existence d’un ver à soie endémique à la Grande Ile. Les techniques de filature et de tissage ont été par la suite maitrisées par les femmes des régions concernées. Cependant, les méthodes utilisées restaient artisanales et sans grosse production.
Cet artisanat a eu son apogée entre les 18 et 19è siècles sous l’ère monarchique. Pour étendre la production qui ne suffisait plus, la région Itasy situé à l’Ouest de la capitale Antananarivo, s’est mise à produire afin de répondre à la demande composée à l’époque de linceuls pour les défunts et les habits des rois.
L’environnement de l’Ile Rouge est propice au développement de la filière soie comme l’expérience acquise depuis fort longtemps en sériciculture, le climat des Hautes Terres et le savoir-faire ancestral. Par ailleurs, cette filière nécessite beaucoup de personnes comme les collecteurs, les fileurs, les teinturiers, les tisseurs, les artisans ainsi que les vendeurs.
3° Soie sauvage et soie d’élevage
Les élevages et les forêts de Tapia se concentrent sur les Hautes Terres (Fianarantsoa, Ambositra, Ambalavao) et dans les environs de la capitale Antananarivo dont la région de l’Itasy.
Celle-ci possède de fortes potentialités permettant de répondre aux exigences de l’élevage de vers à soie : conditions agronomiques, environnementales, et compétences humaines favorables. La production d’Itasy a atteint 7 tonnes de soie domestiques et 1 tonne de soie sauvage en 2008.
a- La soie sauvage
Il existe une cinquantaine d’espèces de chenilles à soie dans le monde tandis qu’à Madagascar, seules trois d’entre elles sont utilisées : Landy be (Borocera Cajani), Landy vato et le Landy saranana. Le Borocera Cajani inféodé aux forêts sclérophylles des Hautes Terres, est celui le plus exploité pour son fil. La récolte des cocons en campagne reste désorganisée donc difficilement maitrisable et est effectuée par les femmes et les enfants.
La production nationale, estimée à 4 tonnes de cocons sauvages (Borocera madagascariensis), donne 4t de fil de bourre. Il est à noter que la soie sauvage de Madagascar s’identifie comme un produit de luxe.
* Tapia : arbre endémique de Madagascar qui reçoit la ponte des papillons entre mai et juin.
b- La soie d’élevage
L’élevage de ver à soie n’est possible que pendant la saison des pluies, c’est-à-dire entre octobre et mars et se réalise dans un bâtiment appelé Magnanerie. En effet, ce n’est que pendant cette période que l’ont récolte les feuilles de mûrier, indispensables à leur alimentation. Pour cette soie d’élevage, ce sont les cocons des chenilles du papillon Bombyx Mori qui sont les plus prisés.
La production nationale de cocons domestiques (issus de Bombyx mori), estimée à 60t/an, donne 6 t de fils de soie grège.
4° Techniques de transformation de la soie
a- La préparation
Étape réalisée après la cueillette des cocons dans la forêt de tapia pour la soie sauvage ou dans une magnanerie pour la soie d’élevage. Il faut brosser les cocons pour enlever les poils situés sur la partie extérieure de celui-ci. Puis, le cocon est ouvert pour retirer la chrysalide et retourné pour être emboité par trois.
b- La cuisson
Les cocons préparés sont ensuite jetés dans de l’eau bouillante préalablement savonnée et mélangée à de la cendre. Le but étant d’arriver à nettoyer les cocons de leur enveloppe collante. La durée de cette cuisson est variable pour diverses raisons et peut aller d’une heure à une semaine.
c- La macération et le séchage
Les techniques pour cette étape sont multiples car elles dépendent de la région mais la plus courante est l’enfouissement. Les cocons passent quelques jours sous terre pour aider à leur fermentation avant que les soyeuses les lavent à l’eau froide. Puis, elles les exposent au soleil pour qu’ils sèchent avant de prendre l’appellation de « bourre ».
d- La filature
Là aussi, cette opération a évolué au fil du temps et est propre à chaque région. Deux techniques que sont le filage avec une quenouille (Ampela en malgache) et le filage à la main restent les plus communes. La technique étant d’étirer la bourre en la faisant tourner rapidement autour d’un support fixe afin d’obtenir un seul et même fil.
e- Le bobinage
Un cadre en bois est nécessaire pour cette étape dont le but est d’enrouler les fils afin de créer des bobines de fils de longueurs identiques.
f- La teinture
Elle peut être artificielle (colorant chimique) ou naturelle. Cette dernière permet d’obtenir un produit finit noble et de qualité lorsqu’il s’effectue dans les règles de l’art. La terre, les feuilles, les écorces ou les épices sont autant de matières à même de fournir différents colorants que seuls les spécialistes maitrisent.
5° Utilisation de la soie de Madagascar
A Madagascar, le travail de la soie s’effectue majoritairement par les femmes qui se transmettent leur savoir-faire de mère en fille. L’utilisation de la soie à Madagascar se rattache culturellement à la mort où les linceuls enveloppent les corps.
Les vêtements portés lors des cérémonies traditionnelles comme le lamba ou le malabary sont en soie. Les orateurs traditionnels comme le « mpikabary » ou les musiciens traditionnels utilisent des vêtements en soie lors de leurs interventions. D’un point de vue économique et touristique, l’écharpe en soie remporte un franc succès auprès des voyageurs du Tour opérateur malgache Mahay Expédition.
NB : à noter qu’il faut compter environ 3 kg de fils pour concevoir une écharpe de 2m par 0,60cm.
6° La filière soie de Madagascar en danger
La plus grande forêt de tapia de Madagascar située dans la région Itasy rt exploitée depuis le 19ème siècle, a vu sa superficie diminuée par trois en 50 ans. Cette disparition est due à une population grandissante qui étend ses surfaces agricoles mais aussi en raison de la fabrication incontrôlée de charbon de bois.
A l’heure actuelle il n’y a plus assez de ver à soie sauvage pour ces paysans vivant de la filière soie. Pour contrecarrer ce fléau, des associations et ONG à l’image de Planète Urgence, ont entrepris des campagnes de reboisement. Ces programmes permettent de constater l’expansion à nouveau de la forêt de tapia depuis 7 ans dans les environs d’Arivonimamo. A l’époque royale, la totalité des habitants de cette commune travaillait dans la filière soie. Actuellement, ils ne sont plus qu’une petite centaine.
Les besoins annuels de soie naturelle sont estimés à 20 tonnes, or à peine 10 tonnes est disponible à Madagascar. Il est à noter que les produits sont commercialisés essentiellement vers la France. En 2000, la grande île a exporté 59 tonnes de soie (grège, fils de soie, tissus ou déchets de soie). Source Instat 2000.
Une fois de plus les problèmes sociaux à Madagascar découlent des problématiques environnementales. La survie des quelques espèces de chenilles encore présentes à Madagascar est étroitement liée, elle aussi, à la déforestation. Bien que les populations locales soient conscientes de ces fléaux, le respect de la culture ancestrale demeure. Par conséquent, il reste un frein à un quelconque espoir de changement.
7° Voyages et soie à Madagascar
Les voyages à Madagascar proposés par l’agence réceptive Mahay Expédition, s’orientent autour de plusieurs thèmes. Nous vous proposons quelques uns d’entre eux mettant en avant la soie de Madagascar.
a- La route nationale 7 solidaire
Ce voyage solidaire à Madagascar se déroule le long de la route nationale 7. Cet axe géographique, mis en valeur dans les revues, regorge de richesses. Quelques rencontres avec des soyeuses sont proposées lors de ce séjour. L’idée étant que nos voyageurs puissent s’imprégner de ce métier si particulier.
Retrouvez le descriptif de ce séjour en cliquant sur ce lien.
b- Le Sud Est Malgache solidaire et la route nationale 7
Voici un séjour que vous n’oublierez pas tant la diversité proposée est au rendez-vous. En effet, trois parties géographiques distinctes composent ce voyage donnant ainsi l’impression réelle de visiter trois pays différents. La remontée de la route nationale 7 propose un arrêt dans les ateliers de soyeuses de la région d’Ambositra.
Retrouvez le descriptif de ce séjour en cliquant sur ce lien.
La soie de Madagascar n’aura plus de secret pour vous après avoir lu cet article publié par l’agence réceptive Mahay Expédition.